ACCUEIL - BIOGRAPHIE - FILMOGRAPHIE  - CITATIONS - PRESSE - GALERIE - RESSOURCES - LIENS
SAINTE GARBO, RIEZ POUR NOUS !


Le centième anniversaire de la naissance de l’immense Garbo se devait d’être fêté en Suède, il l’est: rétrospectives films, expos diverses, inauguration d’une statue, etc. L’icône nationale naturalisée américaine, décédée à New York le 15 avril 1990, mais dont les cendres reposent en Suède (au cimetière de Skogskyrkogården, à proximité de Stockholm), n’était pas connue pour être une grande extravertie ; on disait la « Divine » froide voire carrément polaire, hautaine, flegmatique, altière, réservée, triste, mélancolique et franchement antipathique avec la presse. Garbo avait certainement ses raisons pour tenir son quant-à-soi et avoir ses humeurs.


Il y a au moins deux Garbo, Greta Gustafsson la Suédoise et Greta Garbo l’Américaine qui ne s’est jamais vraiment résolue à l’être au-delà de son passeport. En fait, Garbo a toujours été sublimement Suédoise. Touillez un cocktail composé d’une pincée d’austérité, de quelques gouttes de taciturnité, d’une cuillérée de morosité, d’une bonne louchée de gentillesse, d’un soupçon de timidité, d’un nuage de goût du secret et d’une noix de générosité et vous obtenez une  « dame aux caméras » comme la dénommait Lacouture dans la biographie qu’il a consacrée à l’actrice vedette de la MGM.

Greta Lovisa Gustafsson naît le 18 septembre 1905 (signe de la Vierge) à 17h20 à Stockholm à la maternité de la rue Wolmar Yxkullsgatan sur l’île de Söder. Accouchement normal, présentation par l’occiput, le nourrisson pèse 3,520 kg, mesure 52 cm pour un tour de tête de 35 cm. Le lendemain, le 19 septembre, elle sera baptisée et recevra les prénoms de Greta et Lovisa.

La famille Gustafsson qui habite au 32 de la rue Blekingegatan depuis 1901 ressemble à ces milliers de familles d’origine modeste qui s’entassent dans les quartiers populaires de l’île de Söder à l’époque. Sa mère, Anna Lovisa née Karlsson, fait des ménages, du lavage et du ravaudage, son père, Karl-Alfred (Popeye en suédois !), homme à tout faire, vide les latrines. Greta est la cadette, elle a un frère, Sven, et une sœur de deux ans son aînée, Alva. Son père, alcoolique notoire, meurt à 48 ans, Greta en a alors 14. Voulant subvenir aux besoins de sa famille, tout en allant à l’école où elle était assez brillante, Greta trouve un emploi chez un coiffeur. Durant quelques mois elle appliquera du savon à barbe sur les joues des clients désirant se faire raser.

Un jour, Kristian Bergström, le fils de Paul U. Bergström, le propriétaire du grand magasin PUB à Stockholm, qui se fait coiffer dans l’échoppe où elle savonne, lui propose de travailler chez son père. Elle est engagée sur-le-champ comme vendeuse au rayon chapeaux, nous sommes en 1920. Très rapidement, son port élégant et son joli minois sont remarqués par les photographes maison du grand magasin. Mannequin pour « bibis » un temps, elle tournera également quelques petits films publicitaires, dont un pour des pâtisseries (elle s’empiffre de gâteaux avec deux autres filles sur le toit du grand magasin NK de Stockholm) et un autre, plus ludique, pour une présentation de maillots de bain. Ces premiers « tournages » joueront un rôle de catalyseur.

Dans l’intervalle, elle rencontre Erik A. Petschler, un réalisateur, qui lui propose un rôle dans un long métrage, Peter le vagabond. Greta démissionne du grand magasin pour « faire du cinéma » et tourner, en 1921, son premier vrai film. Une production qui ne fut pas un succès, loin s’en faut, les critiques avaient cependant remarqué Greta Gustafsson, c’est l’essentiel.

Mordue du septième art naissant, Greta veut continuer à faire du cinéma. Erik A. Petschler lui conseille de tenter le conservatoire d’Art dramatique. Elle réussira à y entrer au premier essai à 18 ans. Un exploit, eu égard à ses origines ! Ce seront, selon elle, les plus années de sa vie. C’est là qu’elle fait la connaissance de Mauritz Stiller, réalisateur d’origine finlandaise, avec qui elle tournera La légende de Gösta Berling en 1924, d’après l’œuvre de Selma Lagerlöf, dans les studios de la « Cité du cinéma » aux portes de Stockholm. C’est la gloire ou peu s’en faut ! C’est à cette époque qu’elle prendra le nom de Garbo, qu’elle aurait trouvé avec son amie Mimi Pollak et son mentor Mauritz Stiller, si l’anecdote est exacte ? Admirateur de Bethlen Gábor, prince de Transylvanie au 17e siècle, Stiller lui aurait demandé de porter le nom de ce héros Hongrois de la guerre de Trente ans. Greta aurait inversé les lettres mais conservé le G de Gustafsson pour ne pas rebroder ses mouchoirs ! Midinette avec ça !

1925 marquera un tournant dans la vie de la star. Elle se rend tout d’abord à Berlin où elle tourne sous la direction de Georg Wilhem Pabst, La rue sans joie, un des grands succès du muet, et dans la foulée s’embarque pour Hollywood via New York avec Stiller. Elle n’habitera plus jamais la Suède. Sa sœur Alva meurt de tuberculose en 1926. Greta Garbo, sur le tournage du Torrent à Hollywood ne peut se rendre à son enterrement en Suède. Elle mettra longtemps à s’en remettre, le mal du pays la tiraillera pendant de longues années.

Greta Garbo a tourné 29 films, 14 muets et 15 parlants dont 25 pour la firme au lion rugissant dans une couronne de pellicules dorées, la MGM, la Metro Goldwyn Mayer. Greta Garbo a obtenu un Oscar honorifique en 1954 pour l’ensemble de ses performances d’actrice. On doit le surnom de la Divine à sa participation au film de Victor Sjöström, La femme divine, de 1928.  Son dernier film, La femme aux deux visages, de George Cukor de 1941, ne pouvait être plus prémonitoire. Femme à deux visages, elle l’a été toute sa vie, une polarité de sa personnalité. À 36 ans, elle a mis le mot FIN sur l’écran de sa carrière, le rideau est tombé, mais pas la rumeur…

Jean-Paul POURON

P.S.- L’immeuble où habitait Greta Gustafsson jusque vers 18 ans, époque où elle est entrée au conservatoire d’Art dramatique, le 32 Blekingegatan n’existe plus. S’élève à cet emplacement un immeuble moderne, assez laid mais certainement fonctionnel, où seul un petit buste flanqué sur la façade nous rappelle que la Divine y a vécu. La particularité de Garbo, est qu’elle était photogénique sous tous les angles, de face, profil droit ou gauche, un visage parfait même surmonté d’un chapeau.

- Le musée de la Poste sis sur l’île de Gamla Stan consacre une exposition à Greta Garbo jusqu’au 26 mars 2006. Quelques objets personnels et pas mal de photos y sont exhibés dans trois petites salles bien remplies (les héritiers de Garbo n’ont pas daigné participer à cet événement commémoratif !). Un travelling idolâtre  commenté par des thuriféraires de celle qui voulait qu’on la laisse tranquille.

- Un livre de Tin Andersén Axell portant sur la correspondance (une trentaine de lettres entre 1923 et 1984) entre Greta Garbo et sa grande amie Mimi Pollak, dont elle fut follement amoureuse, nous apprend que la Divine était drôle, enjouée, espiègle et tout et tout, loin du mythe de la recluse austère colporté tout au long de sa vie. Djävla älskade unge, c’est le titre du bouquin que l’on pourrait traduire par Sale môme chérie !

- Une statue a été érigée sur la place Garbo à Söder, à l’intersection de Södermannagatan et Katarina Bangata.

- La philatélie n’est pas en reste, trois timbres à son effigie ont été émis pour le centenaire de sa naissance.

- La cinémathèque de Stockholm et le cinéma Sture ont prévu des projections (voir leurs programmes).


JPP -  Septembre 2005
http://www.francofil.se/nouvelle/leguide/Film/film0905.htm